Friday 28 November 2014

Les polluants organiques persistants

Ministère de l'Environnement, de la Protection de la Nature, et du développement durable (Cameroun)

Communicate for a Sustainable Development











Qu’appelle-t-on POPs?

Les polluants organiques persistants (POPs) sont des substances chimiques organiques à base de carbone. De par leur combinaison particulière en propriétés physiques et chimiques, ils sont capables, une fois libérés dans l'environnement, de:
  • Rester intacts pour des périodes exceptionnellement longues (de nombreuses années);
  •  Se répandre largement dans l'environnement, suite à des processus naturels impliquant le sol, l'eau et, plus particulièrement l'air;
  • S’accumuler dans les tissus adipeux des organismes vivants, y compris ceux des humains, et se trouver à des concentrations supérieures aux niveaux supérieurs de la chaîne alimentaire; et 
  • Constituer une menace toxique pour les humains et la faune.

Faisant suite aux rejets dans l'environnement au cours des dernières décennies, notamment du fait de l’action humaine, les POPs se sont largement répandus dans presque toutes les régions du monde (y compris celles où ils n’ont jamais été utilisés). Cette vaste contamination des milieux environnementaux et des organismes vivants, implique de nombreuses denrées alimentaires, donnant de fait lieu à une exposition prolongée de nombreuses espèces, durant de longues périodes de temps, ce qui entraîne des effets toxiques aigus et chroniques.
  

Les POPs se concentrent en outre dans un autre processus appelé bioaccumulation des organismes vivants. Bien qu’insolubles dans l'eau, les POPs sont facilement absorbés dans des tissus adipeux. Poissons, oiseaux, prédateurs, mammifères et humains parce qu’en haut de la chaîne alimentaire, en absorbent les plus grandes concentrations. Aussi en se mouvant, ils se déplacent avec des réserves de POPs.  Ce qui précède explique que l’on puisse trouver les POPs dans des régions telles que l'Arctique, à des milliers de kilomètres de toute source majeure de pollution.

Les POPs peuvent être sources de cancer, d’allergies, d'hypersensibilité, des dommages du système nerveux central et périphérique, de troubles de la reproduction, et de perturbation du système immunitaire. Certains POPs sont également considérés comme des perturbateurs endocriniens qui, en modifiant le système hormonal, peuvent endommager les systèmes reproducteur et immunitaire des individus exposés ainsi que celui de leur progéniture.

D’où viennent les POPs?



LES 12 PREMIERS POPS IDENTIFIES PAR LA CONVENTION DE STOCKHOLM
 
Initialement, douze POPs ont été reconnus comme ayant des effets néfastes sur les humains et l'écosystème et ceux-ci peuvent être placés dans 3 catégories:


  • Les Pesticides: aldrine, chlordane, DDT, dieldrine, endrine, heptachlore, hexachlorobenzène, mirex, toxaphène;

  • Les Produits chimiques industriels: l'hexachlorobenzène, les biphényles polychlorés (BPC); et
  • Les sous-produits: l'hexachlorobenzène; dibenzo-p-dioxines polychlorés et de furanes (PCDD / PCDF) et les PCB.


L’Aldrine
Ce pesticide est utilisé contre les termites, les sauterelles, les chrysomèles des racines de maïs, et d'autres insectes nuisibles. Cependant, l'aldrine est tout aussi nocif contre les oiseaux, les poissons et les humains. Chez l'homme, la dose mortelle pour un homme adulte est estimée à environ cinq grammes. Les êtres humains sont le plus souvent exposés à l'aldrine travers les produits laitiers et la viande des animaux.

Le Chlordane
Largement utilisé comme insecticide à large spectre sur une gamme de cultures agricoles, le chlordane reste dans le sol pendant de longues périodes. Le Chlordane affecte le système immunitaire humain et est classé comme cancérigène. L'exposition humaine au chlordane se fait principalement par voie aérienne.

Le DDT
Largement utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale pour protéger les soldats contre diverses maladies transmises par des insectes, le DDT continue à être utilisé comme insecticide contre les moustiques et sur certaines variétés de cultures, notamment le coton. Sa stabilité, sa persistance (50% peut rester dans le sol 10-15 ans après l'application), et son utilisation généralisée ont fait que ses résidus peuvent être trouvés partout. Si les effets à court terme du DDT sur les humains sont limités, il reste que les expositions à long terme ont des effets chroniques sur la santé. Le DDT a été détecté dans le lait maternel, ce qui soulève de graves préoccupations au sujet de la santé du nourrisson.


La Dieldrine
Principalement utilisé pour lutter contre les termites et les ravageurs des textiles, la dieldrine est également utilisée contre les insectes vivant dans les sols agricoles. Sa durée de vie dans le sol est d'environ cinq ans. L'alimentation représente la principale source d'exposition de la population générale. A titre d’illustration, la dieldrine a été le deuxième pesticide le plus communément détecté dans une enquête américaine sur le lait pasteurisé. Des résidus de dieldrine sont généralement retrouvés dans l'air, l'eau, le sol, les poissons, les oiseaux et les mammifères, y compris les humains.

L’Endrine
Cet insecticide est pulvérisé sur les feuilles des plants de coton et de céréales. Il est également utilisé pour contrôler les rongeurs tels que les souris et les campagnols. Il a des effets sur l’environnement pour une durée allant jusqu’à 12 ans. La principale voie d'exposition de la population humaine est la nourriture.

L’Heptachlore
Principalement utilisé pour tuer les insectes, l'heptachlore a également été utilisé plus largement pour tuer les insectes de coton, les sauterelles, les autres ravageurs des cultures et les moustiques porteurs du paludisme. L'heptachlore est classé comme cancérigène pour l'homme. L’alimentation est la principale source d'exposition de l'homme.

L'hexachlorobenzène (HCB)
D'abord présenté en 1945 pour traiter les semences, le HCB détruit les champignons qui attaquent les cultures vivrières. Il a été largement utilisé pour contrôler la carie du blé. Il est également un sous-produit de la fabrication de certains produits chimiques industriels et existe sous forme d'une impureté dans plusieurs formulations de pesticides. À fortes doses, le HCB est mortel  tant pour certains animaux que certains humains et, à des niveaux inférieurs, il porte atteinte au système de  reproduction.

Mirex
Cet insecticide est utilisé principalement pour lutter contre les fourmis de feu, et il a été utilisé contre les autres types de fourmis et de termites. Il a également été utilisé comme ignifuge dans les plastiques, le caoutchouc et les produits électriques.
Si l'exposition directe à mirex ne semble pas causer de préjudice à l'homme, des études sur les animaux de laboratoire ont permis de le classer comme potentiellement cancérigène pour l'homme. La principale voie d'exposition humaine au mirex est l’alimentation, en particulier la viande, le poisson et le gibier.

Toxaphène
Cet insecticide est utilisé sur le coton, les céréales, les fruits, les noix et les légumes. Il a également été utilisé pour lutter contre les tiques et les acariens chez le bétail. Pour les humains, la source la plus probable d’exposition au toxaphène est l’alimentation. Bien que la toxicité de ce produit pour l'homme en cas d'exposition directe n’est pas élevée, le toxaphène a été classé comme potentiellement cancérigène possible pour l'homme, en raison de ses effets sur les animaux de laboratoire.

Les polychlorobiphényles (PCB)
Ces composés sont utilisés dans l'industrie comme fluides caloporteurs dans les transformateurs et les condensateurs électriques, et comme additifs dans les peintures, le papier de copie sans carbone et les matières plastiques. Leur persistance dans l'environnement correspond au degré de chloration, et la durée de vie peut varier de 10 jours à un an et demi. Les PCB affectent le système immunitaire chez les hommes et sont classés comme potentiellement cancérigènes.

Les Dibenzo-p-dioxines polychlorés (PCDD)
Ces produits chimiques sont produits involontairement en raison de la combustion incomplète, et lors de la fabrication de pesticides et d'autres substances chlorées. Ils sont émis principalement par la combustion des déchets hospitaliers, les déchets municipaux et les déchets dangereux, et aussi des émissions d'automobile, du charbon et du bois. Les dioxines sont associées à un certain nombre d'effets indésirables chez l'homme, comprenant les troubles immunitaires et des enzymes, et ils sont classés comme potentiellement cancérigènes pour l'homme. L’alimentation constitue le principal mode d’exposition des humains.

Les Polychlorodibenzofuranes (PCDF)
Ces composés sont produits involontairement par un grand nombre de processus qui produisent les dioxines, et également au cours de la production de PCB. Les PCDF sont générés par les émissions des incinérateurs et des voitures usagées. Les PCDF persistent dans l'environnement pendant de longues périodes, et sont classés comme potentiellement cancérigènes pour l'homme. La principale source d'exposition pour l'homme, reste l’alimentation, même si ce produit a été détecté chez des nourrissons allaités au sein.


Effets des POPs


 Les nouveaux POPs en vertu de la Convention de Stockholm



Lors de sa quatrième réunion, tenue du 4 au 8 mai 2009, la Conférence des Parties a ajouté à la liste, de nouveaux POPs :

  • Pesticides: le chlordécone, l'alpha-hexachlorocyclohexane, le bêta hexachlorocyclohexane, le lindane, le pentachlorobenzène;
  • Produits chimiques industriels: hexabromobiphényle, Hexabromodiphényléther et heptabromodiphényléther, pentachlorobenzène, acide perfluorooctane sulfonique, ses sels et le fluorure de perfluorooctane sulfonyle, tetrabromodiphényléther et pentabromodiphenylether; et
  • Les sous-produits: l'alpha-hexachlorocyclohexane, le bêta-hexachlorocyclohexane et pentachlorobenzène